S’ouvrir vers l’extérieur et vers d’autres champs
«Vous voulez pas me poser une question. Pour savoir pourquoi, ah non de toute façon ça n’a pas de sens qu’est-ce que je vais répondre moi, j’suis là c’est tout point rien à dire, j’suis là, ok oui j’suis là. Pas faire autrement. Alorschhh je sais plus moi. J’ai été oubliée, il fallait. Là on donne les explications du Point 1. du Point 2. et du Point 3. Pas maintenant plus tard, on a le temps, donne-toi le temps au temps. L’essentiel quelque part c’est de ne pas tourner en rond n’est-ce pas. C’est d’aller de A à A prime, A-R de A à B pof de A à D prime ça c’est une trajectoire. Dans quelle mesure on en est conscient, c’est une autre paire de manches».
Extrait d’un monologue de l’artiste peintre Valérie Favre dans Les Restes de la Méduse tiré de la retranscription de ses huit heures d’improvisation.
Faisons un lien entre le processus créatif et le rôle du manager. Chacun s’appuie sur un système construit selon une logique propre, pensée, engagée même. Chacun emprunte une trajectoire où l’individualité d’un autre peut trouver sa place.
Amener des décalages, des possibilités inattendues, implique de s’ouvrir à des rencontres fortuites, spontanées.
La culture d’une organisation est souvent de se centrer sur elle-même bien que cela dépende de l’entreprise, de son histoire, de son secteur.
S’ouvrir vers l’extérieur, ce peut être d’aller chercher des ressources en dehors de l’entreprise, co-créer avec les clients et les utilisateurs, aller voir ce qui se passe ailleurs. Le soutenir passe par un management à la mesure et sans modèles établis.
Celui du Web est bâti sur le principe de laisser toutes les idées s’exprimer à l’instar de YouTube, des réseaux sociaux ou des blogs. On y choisit ce que l’on va faire, se régule entre pairs, commente. Jusqu’où ce modèle peut-il influer sur l’entreprise ?
Ne faut-il pas également s’ouvrir vers d’autres champs et se nourrir d’expériences, d’univers qu’amènent des artistes, des philosophes, des designers, des écologistes et d’autres encore ?
Cette échappée enrichit notre manière d’appréhender la réalité, l’environnement, le rapport aux autres. Elle donne du sens. Elle nous amène à mieux nous connaître.
Si parfois coller au réel, au présent, devient trop pesant, nous pouvons nous en détacher pour mieux y revenir.
Cheminer face à un système construit par un autre, peintre, chorégraphe, écrivain, induit une distanciation par rapport à une situation réelle. Chaque personne pourra prolonger ce qui est donné à voir, s’y exprimer et aller vers une transformation porteuse.
Encourager un groupe à travers des outils de cohésion et de créativité à raconter des histoires, à prendre la parole, à ressentir ses émotions, aide à se poser la question de l’authenticité de ses attitudes et à construire en commun.